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Discours de SE Amb. Dieudonné Sebashongore lors de l'inauguration d'une Stèle commémorative des victimes du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 à Liège (23/04/2022) 

Monsieur le Bourgmestre de Liège Willy DEMEYER ;

 

Madame Anne-Marie IKIRIZABORO, Présidente de l’Union des Rescapés du Génocide des Tutsi (URGT) ;

Mme Christel DJIAN, vice-présidente de l’ASBL « Les Territoires de la Mémoire » ;

Monsieur Rudi CREETEN, Directeur de l’Athénée Léonie de WAHA ;

Chers rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi, chers compatriotes ;

Mesdames et messieurs les Liégeois et Liégeoises, en vos titres et qualités ;

 

Participer à l’inauguration d’une stèle est, d’abord et avant tout, un acte d’une grande portée symbolique. Mais c’est également l’aboutissement d’une longue procédure administrative.

Ce cheminement a été instigué par des Liégeois d’origine rwandaise, en l’occurrence les membres de l’Union des rescapés du Génocide des Tutsi de Liège. Après avoir co-organisé depuis une douzaine d’année des commémorations avec la ville de Liège, l’organisation a demandé qu’un nouveau monument dédié à la mémoire des victimes du génocide perpétré contre les Tutsi soit posé dans votre belle cité ardente.

Les autorités de la ville de Liège, représentée aujourd’hui par Mr le Bourgmestre Willy DEMEYER, ont par la suite rapidement accepté d’accompagner nos compatriotes tout au long du processus qui nous a permis, aujourd’hui, d’ériger cette stèle.

 

 

Mesdames et monsieur,

Une stèle possède de multiples significations. Contrairement à nous, hommes politiques, un monument ne répond à des mandats. Une stèle est ancrée dans le sol, dans l’histoire d’une ville, et se fond dans le paysage de cette dernière.

 

Cette permanence correspond à ce qu’un génocide peut constituer dans la chair, le cœur et l’esprit de certains rescapés. Permettez-moi de citer Gaël Faye, un artiste franco-rwandais, qui a prononcé ces mots: « Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

 

En l’occurrence cette stèle permettra à toutes personnes qui passeront par le parc d’Avroy dans les jours, mois et années à venir, de s’interroger sur la tragédie qui a frappé notre pays.

 

Ces personnes auront l’opportunité de comprendre que le destin d’un peuple qui a été mis en péril en 1994.

 

Enfin, elles comprendront que ces âmes emportées n’étaient pas de simples statistiques, mais des êtres humains. Cette stèle est désormais là pour honorer leur mémoire et leur rendre l’humanité que les tueurs avaient tenté de leur ôter en ce compris celle d’un para commando liégeois, le Caporal Christophe RENWA.

 

 

 

Mr Bourgmestre, très chères autorités de la ville de Liège,

Très chèr(e)s liégeois et liégeoise,

 

C'est avec beaucoup de sincérité et de reconnaissance que je tiens, au nom du peuple rwandais et du gouvernement que je représente, et en mon nom propre, à vous remercier de cet honneur que vous faites à la mémoire des nôtres.

 

Enfin, cette stèle est un message à ceux qui ont, en 1994, décidée d’éradiquer de la carte les Tutsi du Rwanda. Nous voulons leur dire que nous sommes toujours debout, à l’image des œuvres de Mr Bruce CLARCKE qui a collaboré avec l’Athénée de WAHA que je me réjouis de visiter. C’est pour cette raison que j’affectionne particulièrement le verbe ériger. S’ériger est un verbe qui nous grandit et réaffirme notre assertivité.

 

Merci pour eux, mais aussi pour toutes celles et ceux qui leurs ont survécu. Cet endroit sera désormais un lieu de recueillement, un lieu de retrouvailles, un lieu qui permettra à certains d’expliquer à leurs enfants le destin tragique qu’à connu les leurs.

Il offrira la possibilité aux rescapés ou descendants de rescapés de répondre aux questions anodines de leurs enfants, telles que : « Maman, papa pourquoi est-ce que mes grands-parents ne viennent jamais me chercher à l’école le mercredi à midi, comme les autres enfants ? »

C’est aussi ça un génocide. La disparition de générations entières que nous devons désormais expliquer à nos descendants.

Mesdames et messieurs, chers rescapés, chers compatriotes,

Permettez-moi de conclure mon propos en vous souhaitant de trouver en ce lieu un espace digne, qui vous permettra de vous recueillir lors des jours de deuils qui nous attendent.

 

Je vous remercie pour votre attention.

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