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Discours de S.E. Amandin Rugira à la cérémonie organisée à Liège pour la 25ème commémoration du génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda.

Prononcé le 13 avril 2019 à l'Hôtel de Ville de Liège

  • Monsieur le Bourgmestre de Liège Willy DEMEYER

  • Madame Charlotte RAMBEAUX, Représentante de l’ASBL « Les Territoires de la Mémoire » ;

  • Madame Anne-Marie IKIRIZABORO, Présidente de l’Union des Rescapés du Génocide des Tutsi (URGT) ;

  • Madame Marie-Ange UWANYILIGIRA RUTAYISIRE ;

  • Monsieur Patrick SÉVERIN ;

  • Chers rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi, chers compatriotes ;

  • Mesdames et messieurs, en vos titres et qualités ;

 

Depuis maintenant neuf ans, la ville de Liège nous fait l’honneur de non seulement recevoir mais aussi de co-organiser cette cérémonie annuelle de commémoration des victimes du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.  Ça fait 25 ans que nous, Rwandais, résistons contre l’obscurantisme de l’idéologie génocidaire. Cela fait plus de 70 ans que la ville de Liège en fait une priorité. Votre solidarité est d’autant plus appréciée que nous savons que vous connaissez le prix de cette lutte.

Monsieur De Meyer, au nom du peuple rwandais dans son ensemble et des Rwandais vivants dans votre belle ville et à mon nom propre, je tiens à vous remercier pour cette solidarité affichée et assumée.

Sachez que rare sont les villes, de par le monde qui embrassent notre cause aussi bien que la vôtre.

 

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Mesdames et messieurs,

Au-delà des autorités liégeoises, je tiens à saluer l’asbl  les Territoires de la mémoire. Votre investissement pour la mémoire des nôtres est à l’image de la programmation des activités dans le cadre de cette 25 ème commémoration. C’est ainsi qu’un mois d’activités co-organisées par votre Association vient de s’écouler.

Votre contribution est d’autant plus salutaire qu’elle sert la difficile tâche de la transmission de la mémoire du génocide contre les Tutsi du Rwanda. Avec environ 30 000 Rwandais vivant en Belgique, ce travail n’est pas vain et constitue un apport considérable à l’effort déployé par les autorités rwandaises au pays et en leurs noms, je vous transmets leur appréciation.

Je tiens également à saluer le travail de mes compatriotes de Liège rassemblés dans l’ asbl “Union des rescapés du génocide contre les Tutsi” et  l’asbl “Muyira - Arts et mémoire” qui ont contribué à la programmation des Territoires de la mémoire. J’adresse une motion spéciale de remerciement à l’URGT qui est à l’origine de la collaboration avec la ville de Liège pour cette cérémonie officielle de commémoration . Nous savons que cette tâche n’est pas toujours facile pour vous qui êtes rescapés du génocide mais vous le faites avec dignité et énergie.

 

 

 

Mesdames et messieurs,

Le 13 avril 1994 était un mardi. Quelques jours avant, les casques bleus belges avaient dû abandonner sur ordre du Colonel Luc Marchal , 2000 Tutsi à l’école Technique ETO dans le quartier Kicukiro dans la ville de Kigali, capitale du Rwanda. Ces personnes livrées à elles- mêmes ont été sauvagement assassinées par les miliciens Interahamwe qui encerclaient cette école depuis plusieurs jours tuant toutes personnes qui souhaitaient  s’y réfugier. Des chiens errants commençaient à manger les corps qui jonchaient les rues avoisinantes. Aujourd’hui, Luc Marchal s’affiche avec des descendants du régime génocidaire et associe sa voix à un négationnisme grandissant.

La veille, précisément le 12 avril 1994, le ministre des affaires étrangère belge d’alors, Mr Willy Claes rencontre Boutros Boutros Ghali, alors Secrétaire Général de l’ONU, pour lui annoncer le retrait du contingent des soldats belges de la MINUAR. Heureusement en parallèle, la première unité des militaires du FPR arrive en renfort de Byumba, pour rejoindre au siège du parlement,  le 3ème bataillon afin de continuer les opérations de sauvetages dans la ville de Kigali. La campagne du FPR contre le génocide est en marche et sera le seul rempart contre la machine génocidaire pour les jours et mois qui suivront. Pendant les 100 jours du génocide perpétré contre les Tutsi, l’on a dénombré en moyenne de 10 000 morts par jour.

La particularité de cette journée du 13 avril 1994 est que les massacres s’étendent autour de Kigali dans la commune de Bicumbi où 350 Tutsi sont tués mais au-delà dans les préfectures de Gisenyi, Cyangugu et Butare. Le génocide contre les Tutsi du Rwanda passe en ce jour à une vitesse supérieure !

 

 

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Mesdames et messieurs,

Je me suis permis de vous rappeler ces faits pour que l’on n’oublie pas! Se remémorer est un puissant antidote contre le négationnisme et le révisionnisme que nous devons combattre car ses formes de plus en plus pernicieuses se multiplient et se démocratisent. En effet, certaines de ces personnes mal intentionnées se présenteront prochainement sur des listes électorales, comme ce fut déjà le cas lors des communales en octobre 2018. J’en appelle à votre vigilance et espère de tout cœur que la loi punissant le négationnisme du génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda annoncée par le Premier Ministre belge très dernièrement à Kigali  verra effectivement le jour avant les échéances électorales.

Cette loi pourra préserver la mémoire des nôtres mais aussi de l’un des vôtres tué au Rwanda, en la personne du caporal Christophe RENWA.

 

Mesdames et messieurs, chers amis,

Mémoire - Unité - Renouveau est le thème de la 25ème commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

25 ans plus tard, le Rwanda n’oublie pas.

25 ans plus tard, le Rwanda est à nouveau uni.

25 ans plus tard, le renouveau du Rwanda est un état de fait.

Si nous devons transmettre cette histoire obscure, nous devons aussi transmettre aux futures générations la force qui a caractérisé le peuple rwandais depuis 1994. En effet, depuis 1994, notre pays, le Rwanda a eu la chance d’avoir un leadership visionnaire et bienveillant incarné par S.E. Paul KAGAME, Président de la République du Rwanda,  qui a su mener une politique axée sur l’unité et la réconciliation avec entre autres comme résultat un quart de siècle de paix et d’absence de conflit à base ethnique.

 

Mesdames et messieurs, chers rescapés, chers compatriotes,

Permettez-moi de conclure mon propos d’aujourd’hui, en vous souhaitant d’être habité par cette force exceptionnelle qui caractérise notre peuple pour surmonter les jours de deuils qui nous attendent.

 

Je vous remercie pour votre attention.

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