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Discours de S.E. Amandin Rugira lors du 25ème anniversaire de la journée de libération du Rwanda
Prononcé le 04 juillet 2019 à la Rwanda House à Bruxelles
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs ,
Monsieur le Représentant du Gouvernement du Royaume de Belgique,
Mesdames et messieurs, chers compatriotes, chers amis du Rwanda,
Distingués invités, en vos titres et qualités,
Bonjour et Bienvenus à Rwanda House,
Comme vous le savez, nous venons de terminer les 100 jours de commémoration du génocide perpétré contre les tutsi au Rwanda en 1994.
Votre présence en nombre aujourd’hui, nous comble de joie et augure un agréable moment de célébration du 25ème anniversaire de la Journée de libération du Rwanda. Nous célébrons en même temps le 57ème anniversaire de l’Indépendance du Rwanda .
Mesdames, Messieurs, Distingués Invités,
Le 4 juillet 1994, dans le courant de l’après-midi, les troupes de l’Armée Patriotique Rwandaise foulaient le sol de la ville de Kigali avec à leur tête le Général-Major Paul Kagame, actuel président de la République du Rwanda.
Une impressionnante photographie de leur entrée dans le quartier Matheus, quartier des affaires au centre-ville de Kigali, immortalise d’ailleurs cette journée. C’est cette photographie que vous verrez au Musée de la campagne contre le génocide, ouvert depuis peu et qui se situe dans les murs du Parlement Rwandais.
On dit qu’une photo vaut mieux qu’un long discours, et elle est effectivement représentative de l’immense poids historique de cet évènement. On y voit une troupe de jeunes hommes et femmes, avançant, calmes et déterminés, dans une ville entièrement vidée de sa population. Cette photo symbolise la victoire, mais aussi la tâche herculéenne qui attendait les nouveaux Dirigeants du Rwanda.
Malgré cette victoire militaire décisive, l’ambiance n’était pas à la célébration. En effet, cette arrivée à Kigali marquait non seulement la défaite du régime génocidaire et la fin des massacres mais également le début d’un nouveau combat. En d'autres termes, cette journée sonnait le glas d’une lutte mais annonçait le début de nouvelles épreuves.
Restaurer et préserver l’âme et la dignité de chaque Rwandais, hommes, femmes, enfants et sans aucune forme de discrimination, étaient une priorité.
Mais comme vous pouvez le voir sur cette image, Kigali, à l’image du reste du pays, était une ville fantôme, exsangue de sa population car sur une population d’à peu près 8 millions de personnes à l’époque, plus d’un million venaient d’être assassinées et deux millions avaient fui le pays, poussés à l’exil par le gouvernement génocidaire en fuite.
Mesdames et messieurs,
Comment reconstruire un pays après 100 jours d’un génocide sans précédent de par sa rapidité et sa cruauté ?
Comment panser les plaies d’une société après 40 ans de propagande d’idéologie génocidaire et d’inégalités sociales et économiques croissantes ?
Enfin, comment commencer ce titanesque travail de reconstruction alors que l’appareil judiciaire avait été détruit et qu’il ne restait plus rien dans le pays, des écoles aux hôpitaux en passant par l’argent de l’Etat, qu’avait emporté le gouvernement génocidaire dans sa fuite?
Ces questions sans fin qui se posèrent dès ce premier jour de paix ont préoccupé l’esprit des nouveaux dirigeants désignés le 18 juillet 1994 et ont orienté chacune de leurs actions lors des 25 dernières années pour mener le Rwanda où il est aujourd’hui.
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi de m’attarder sur certains faits cruciaux qui furent essentiels dans le processus de reconstruction de la dignité des Rwandais et de leur nation. Pour plus de détails, je vous invite à lire le dernier ouvrage de Jean-Paul Kimonyo qui a pour titre en français : “Rwanda demain! Une longue marche vers la transformation”, récemment traduit en anglais avec pour titre : “Transforming Rwanda: Challenges on the Road to Reconstruction”.
Plusieurs moments charnières ont permis au Rwanda d’établir sa propre voie, répondant à ses challenges inédits, au cours de ces années.
Il a d’abord fallu déconstruire les acquis résultants de plusieurs décennies d’une gouvernance destructrice, en supprimant les mentions ethniques dans les cartes d’identité, en rendant l’éducation accessible à tous et en bannissant des pratiques comme la corruption, le népotisme ou le régionalisme qui s’étaient considérablement aggravées lors des années précédant le génocide.
Il fallut ensuite penser un nouveau modèle de gouvernance du pays en s’inspirant des traditions et des institutions existantes dans la période précoloniale. Si l’objectif primaire semblait être d’ordre judiciaire, économique ou social, en toile de fond il s’agissait avant tout de retisser un tissu social en lambeaux et faire germer une unité retrouvée.
Les débats du village Urugwiro, siège de la Présidence du Rwanda, rassemblant les leaders d’opinion du pays et entamés en 1998, ont été la base nécessaire à cette entreprise.
En effet, c’est pendant ces débats que l’idée des juridictions GACACA est néée. C’est également dans ces débats que les grandes lignes d’une nouvelle Constitution furent définies, et enfin c’est pendant ces débats que les grandes orientations de la nouvelle politique économique ont été esquissées.
Mesdames et Messieurs, Distingués invités, chers compatriotes,
Après la période de reconstruction et de réhabilitation du pays qui a immédiatement suivi l’arrêt du génocide jusqu’en 2000, le Gouvernement Rwandais a adopté le plan de développement économique appelé « Vision 2020 » avec l’ultime objectif de faire du Rwanda un pays à revenu intermédiare à l’horizon 2020, ce qui est en voie d’être réalisé.
Mon pays remercie beaucoup les pays amis dont la Belgique ainsi que les Institutions Internationales pour leur appui financier combien appréciable pendant et après la période de reconstruction et de réhabilitation.
Le bilan des réalisations de ces 25 dernières années est plus que satisfaisant et à une occasion pareille, je m’en voudrais de ne pas citer quelques réalisations qui à mon sens sont très importantes :
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Les juridictions GACACA qui ont permis de juger 1.958.634 cas de 2002 à 2012, ce qui aurait pris plus d’un siècle en suivant la justice classique
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L’unité et la réconciliation du peuple rwandais
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La croissance économique soutenue où le PIB/Capita est passé de 222 USD en 2000 à 787 USD en 2018, l’objectif de la vision 2020 étant 900USD.
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L’espérance de vie qui est passée de 51.2 ans en 2002 à 66.6 ans en 2017, l’objectif de la vision 2020 étant de 66 ans(donc déjà dépassé)
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Le taux de couverture de l’assurance-maladie qui est presque à 100%
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La gratuite des frais scolaires dès l’école primaire à la fin de l’école secondaire
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La lutte sans complaisance contre la corruption
Toutes ces réalisations et tant d’autres résultent de trois choix que S.E Paul KAGAME, Président de la République du Rwanda ne cesse de rappeler: « nous avons fait le choix de rester unis, d’être responsables de nos actes et d’être ambitieux ». Et en anglais « We made three fundamental choices: To stay together, to be accountable and to think big ».
Mesdames et messieurs,
Ce processus ne s’est pas fait sans mécontent et sans tentative de déstabilisation interne comme externe. Tout changement engendre de la résistance, et bousculer l’ordre établi d’un pays passif et sans audace ne pouvait se faire sans éveiller les critiques des partisans de l’ordre établi.
Malgré tout, la ligne est restée la dignité et l’essor du peuple rwandais, le plus grand atout que possède le Rwanda.
Mesdames et messieurs, chers compatriotes
Malgré la difficulté de la tâche, le Rwanda est aujourd’hui un pays peuplé d’hommes et de femmes dignes et debouts ; un pays dont la dépendance à l’aide extérieure est passé de 70% du Budget National en 1994 à moins de 16% dans le budget 2018-2019.
Enfin, un pays qui inspire le reste du continent en matière de gouvernance, de santé, de droits des femmes, d’environnement ou encore d'innovation numérique.
Le Rwanda est devenu un modèle en Afrique. Non celui d’un premier de classe à émuler machinalement, mais parce qu’il a démontré que diriger un pays africain en étant perpétuellement à l’écoute de sa population et en mettant en oeuvre ses propres solutions, en dépit des prescriptions internationales du jour ou du mois, fonctionnait.
Il n’est pas exagéré de dire que le Rwanda s’est relevé d’un enfer dont personne ne l’imaginait sortir pour devenir plus stable et plus fort que jamais.
Et c’est cette résilience et la renaissance de l’espoir qui méritent d’être célébrés, non seulement avec nos frères africains, mais au côté de l’humanité entière.
Avant de terminer mon allocution, j’aimerais vous demander de bien vouloir vous lever pour observer une minute de silence en mémoire des enfants du Rwanda qui sont tombés sur le champ de bataille en vue de la libération du Rwanda.
Je vous souhaite une très belle soirée
Longue vie à S.E Paul Kagame, Président de la République du Rwanda
Vive le Rwanda
Vivent le Rwandais
Et vive l’amitié des peuples
A présent , je vous invite à lever vos verres pour un toast à l’occasion de la journée de libération du Rwanda.