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AMBASSADE DU RWANDA A BRUXELLES

 

 

Déclaration de S.E. Olivier Jean Patrick NDUHUNGIREHE

Ambassadeur du Rwanda à Bruxelles

 

 

 

A la 23ème commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi

 

 

 

 

Woluwe-Saint-Pierre, 7 avril 2017

 

  • Monsieur , Bourgmestre de la Commune de Woluwe-Saint-Pierre ;

  • Ambassadeur , Directeur Afrique Sub-saharienne au Service Public Fédéral Affaires Etrangères, Commerce Extérieur et Coopération au Développement ;

  • Monsieur , Président de l’Ibuka Mémoire et Justice ;

  • Madame – Merci pour votre témoignage ;

  • Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Missions diplomatiques et consulaires ;

  • Chers rescapés du génocide, chers compatriotes et amis du Rwanda ;

 

  1. Nous sommes ici rassemblés, à cette place de la commune de Woluwe-Saint-Pierre, pour commémorer, pour la 23ème fois, le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda. Je tiens tout d’abord, au nom du Gouvernement et du peuple rwandais, ainsi qu’en mon nom propre, à vous remercier, vous tous qui avez pris un peu de votre temps précieux pour partager avec nous ce moment de recueillement.

 

  1. Cette cérémonie a lieu précisément dans ce rondpoint parce qu’une stèle commémorative y a été érigée en 2004 par le sculpteur belge Tom Frantzen, à la demande du Gouvernement belge et de la commune de Woluwe-Saint-Pierre, pour rendre hommage aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda. Hélas, malgré cet acte noble de la part des autorités belges, les négationnistes et révisionnistes résidant dans ce pays, ont profité d’une inscription imprécise sur la stèle pour détourner ce monument de son objectif. C’est pour cela que les commémorations officielles avaient été suspendues à cette stèle depuis 2013.

 

  1. Je profite de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude au Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et européennes Didier Reynders et au Bourgmestre Benoît Cerexhe pour avoir pris la décision d’ajouter une plaque explicative sur cette stèle, afin de bien préciser que les victimes que l’on y honore sont ceux du génocide perpétré contre les Tutsi. En conséquence, les commémorations ont repris cette année à cette stèle, après cinq d’absence.

 

  •  Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

  1. Ce 7 avril est un jour douloureux pour les rwandais et surtout les rescapés du génocide. C’est un jour où le film de notre calvaire tourne encore une fois dans nos têtes. Pendant 100 jours, du 7 avril au 4 juillet 1994, plus d’un million d’enfants, de nourrissons, de femmes, d’hommes, de personnes âgées, d’handicapés ont été massacrés pour la simple et unique raison qu’ils étaient nés Tutsi. Nous leur rendons hommage ce matin. Nous rendons également hommage aux rescapés de ce crime effroyable, pour leur courage et leur résilience pendant 23 longues années. Et nous n’oublions pas les justes, qui se sont fermement opposés au mal au péril de leurs vies, et nous rendons enfin hommage aux soldats du Front Patriotique Rwandais (FPR), qui ont combattu les forces du mal et arrêté le génocide le 4 juillet 2017.

 

  1. Le thème de cette 23ème commémoration est le suivant : « Commémorons le Génocide perpétré contre les Tutsi – Combattons l’idéologie du Génocide – Fortifions notre progrès ». Ce thème résume à lui tout seul l’odyssée du peuple rwandais depuis 1994.

 

  1. Premièrement, nous devons chaque année commémorer le génocide perpétré contre les Tutsi. Pourquoi donc commémorer et que doit-on commémorer ? Le Rwanda et le monde entier commémorent, non pas pour revivre des souffrances, mais parce que nous avons un devoir de mémoire pour les victimes, un devoir de soutien aux rescapés et un devoir d’éducation pour les générations présentes et futures. La commémoration est donc un outil indispensable pour prévenir d’autres génocides et atrocités de masse, même si l’état actuel du monde nous laisse perplexe, quant aux leçons tirés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda.

 

  1. Et que doit-commémorer ? On ne commémore ni un « génocide au Rwanda », ni un « génocide rwandais »; on commémore un « génocide perpétré contre les Tutsi ». Car, notre compassion et notre commémoration ne seraient pas sincères si on refusait de nommer les victimes de ce crime abominable. Et ceci ne doit pas être perçu comme une obsession terminologique mais une volonté de respecter les victimes, qui ont été massacrés, non pas parce qu’ils étaient rwandais, non pas parce qu’ils étaient au Rwandai mais parce qu’ils étaient identifiés comme appartenaient à un groupe spécifique dans la communauté rwandaise, les Tutsi. Et c’est ce que le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), créé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, a clairement établi.

 

  1. Deuxièmement, il faut combattre l’idéologie du génocide. Le Président de la République du Rwanda, S.E. Paul Kagame a déclaré, il y a deux semaines à Washington, la chose suivante : « La sécurité des peuples qui ont été une fois ciblées pour extermination ne peut jamais exclusivement être physique. Aussi longtemps que l’on aura pas vaincu les idéologies qui justifient le massacre comme un devoir patriotique, notre monde ne sera pas vraiment en sécurité. Ni pour nous. Ni pour personne ».

 

  • Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

  1. Le crime de génocide ne peut être un crime spontané, provoqué par une colère populaire soudaine, qu’elle qu’en soit la cause. Le crime de génocide, donc l’extermination de tout un groupe humain comme tel, ne peut se produire sans une préparation psychologique et idéologique de longue durée. Ce sont les huit phases du processus génocidaire, telles qu’établies par le chercheur en études du génocide, Gregory Stanton : la classification, la symbolisation, la déshumanisation, l’organisation, la polarisation, la préparation, l’extermination et enfin le déni. Ce sont toutes ces phases qui forment l’« idéologie du génocide ».

 

  1. Au Rwanda, le génocide a été commis après une longue période d’idéologie institutionnalisée, qui remonte jusqu’à la période coloniale. C’est à cette époque que les phases de classification, symbolisation et polarisation ont été initiées. Et depuis lors, des actes à caractère génocidaire ont été commis contre les Tutsi ; en 1959, dans les années 1960, en 1973, au début des années 1990 jusqu’à l’extermination de 1994. Et aujourd’hui, 23 ans après le génocide, les rescapés et les rwandais dans leur ensemble font malheureusement face à l’ultime étape du crime de génocide : le déni, le négationnisme.

 

  1. Ceci est un fléau, Excellences Mesdames et Messieurs, un phénomène qui grandit à vue d’œil, surtout en Europe occidentale et en Amérique du Nord. A cet égard, je me réjouis que le Parlement français ait adoptée une loi pénalisant la négation du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda, entrée en vigueur en janvier de cette année. Si la France l’a fait, sans nul doute que la Belgique aussi le fera. En tout état de cause, c’est ce que les associations de rescapés du génocide et le Gouvernement rwandais souhaitent. Et nous allons continuer nos démarches auprès des parlementaires belges, à cet effet.

 

  1. Il convient d’indiquer que les principaux promoteurs du négationnisme sont bien sûr les fugitifs du génocide. A cet égard, un certain nombre de suspects du génocide se sont installés en Belgique après 1994. Je remercie la Belgique pour les enquêtes initiées, pour le jugement et la condamnation de certains d’entre eux. Toutefois, beaucoup de suspects restent en liberté, profitant d’enquêtes qui s’éternisent.     

 

  1. Dans le même temps, le Rwanda est prêt depuis des années à accueillir ces suspects pour jugement. Depuis la dernière commémoration, quatre suspects du génocide ont été extradés des Etats-Unis, du Canada et des Pays-Bas, et ils s’ajoutent à plusieurs autres extradés par leurs pays d’accueil ou transférés par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). Je profite donc de cette occasion pour faire un appel au Gouvernement belge pour qu’il explore aussi cette option de l’extradition ; ceci rendrait justice aux victimes et allègerait considérablement le poids de ces procédures en Belgique.

 

  1. Troisièmement, le Rwanda doit fortifier son progrès. A la fin du génocide perpétré contre les Tutsi, le pays était réduit en cendres et notre économie était en ruines. Il a donc fallu un leadership exceptionnel pour que le Rwanda, non seulement se reconstruise et consolide la paix, mais surtout qu’il soit un pays de référence, notamment pour la sécurité et la stabilité politique, l’unité et la réconciliation, la transformation économique, la protection de l’environnement, l’autonomisation des femmes, la bonne gouvernance et la tolérance zéro pour la corruption. Et à cet égard, je remercie nos partenaires au développement, au premier desquels la Belgique, pour avoir été à nos côtés durant tout ce chemin.

 

  1. Au moment où de nouvelles échéances électorales approchent à grands pas (et je conclue), c’est le moment de consolider ces acquis et fortifier nos progrès, sur base d’une nouvelle vision économique et sociale, la Vision 2050, qui entend transformer le Rwanda en un pays à revenu élevé, à l’horizon 2050. Et en commémorant le passé, on doit toujours se rappeler que c’est ce futur-là qu’on a promis à nos enfants, que c’est ce futur-là qu’on a promis aux rescapés du génocide, et, comme l’a dit le Président de la République, « le Rwanda a changé pour de bon et pour toujours ».

 

  1. Je vous remercie.

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